M. Woerth se défend des allégations de conflit d'intérêt dans ses anciennes fonctions de ministre de l'économie en faisant état de son visage nous disant qu'il n'a pas une tête à frauder. Ce faisant, M. Woerth invente le pendant du délit de faciès qui consisterait à juger quelqu'un d'innocent parce qu'il n'a pas une tête de criminel.
Il faudrait dès lors se demander ce qu'est une tête de fraudeur selon M. Woerth. Il faudrait aussi se demander comment il demande aux inspecteurs sous sa responsabilité d'enquêter sur les fraudeurs. On peut alors imaginer une instruction orale du genre : "n'embêtez pas Mme Bettencourt, franchement elle n'a pas une tête de fraudeuse" :) Il s'agit bien sur d'imaginer une consèquence logique de cette défense de M. Woerth vis à vis de ces affaires et aucunement d'affirmer que ceci est arrivé (précision à destination de M. Woerth qui a l'habitude de faire des procès pour diffamation à chaque fois que quelqu'un réfléchit simplement aux conséquences de sa position...).
Mais au-delà du faciès, il y a le CV. Il est évident que quelqu'un qui a déjà été convaincu de vol par la justice sera plus facilement jugé comme capable de recommencer. De même, quelqu'un qui a travaillé pour un truand pourra être surveillé de plus près.
Or que voit-on dans le CV de M. Woerth (ici) : directeur d'Andersen Consulting de 1998 à 2002. Pourquoi 2002? Parce qu'Andersen Consulting avait fraudé en maquillant ou en validant des comptes frauduleux et notamment ceux d'Enron. Une société dont le capital confiance est majeur pour son activité ne pouvait que fermer dans ces conditions et ses employés, notamment ses responsables dont M. Woerth, ont du trouver un emploi ailleurs. en 2002.
Nous pouvons en conclure que certes nous ne pouvons suspecter M. Woerth sur la base de son physique mais il en est tout autrement en ce qui concerne son CV, ce qui me semble d'ailleurs plus pertinent que des questions de faciès.
De toute manière, ce qui devrait être jugé à la base n'est pas l'action de fraude mais la situation de conflit d'intérêt évidente en ce qui concerne son ex-position au ministère des finances, sa proximité avec les intérêts de la première fortune de France et sa position de trésorier d'un des plus grands partis politiques français. S'il y a eu fraude c'est encore plus grave. Mais rien que la situation qui ne peut être niée était déjà anormale dans une démocratie qui se respecte et donc pour un gouvernement qui respecte la démocratie.
Nous ne savons pas s'il y a eu délit judiciaire mais nous savons déjà qu'il y a eu délit politique, délit démocratique.
Je finirais par rappeler que le fond de pension Enron s'est effondré avec l'entreprise. Les retraités qui avaient la certification d'Andersen Consulting se sont finalement retrouvés sans rien. M. Woerth est le ministre gérant le dossier retraite en France. Vous ne voyez pas le rapport?...