Claude GUEANT à France Inter a expliqué le financement des 26 milliards d'euros : pas d'impôts supplémentaire mais réduction des dépenses de service public. Il évoque la RGPP avec une réduction des dépenses annoncée à 15 milliards avec un objectif de 60 milliards.
Je constate que M. GUEANT ne lit pas les rapports de ses services et des parlementaires qui indiquent que la RGPP va économiser péniblement 3 milliards d'euros à rapporter aux 15 milliards de dépenses supplémentaires annuelles gaspillées dès l'arrivée du président Sarkozy.
La réalité, c'est que l'État n'a pas le premier centime de ces 26 milliards. D'ailleurs, Thomas PIKETTY parle de 5 milliards de dépenses réellement nouvelles, les autres n'étant que des ré-annonces de mesures déjà en cours ou avancées. Il s'agit donc d'un tout petit plan qui ne parle que de sauver la production en réduisant encore les salaires bruts.
Pas étonnant de voir le MEDEF et l'UMP applaudir. Le problème est que ce sont les mêmes qui voulaient mettre en place les sub-prime en France, poussaient à des retraites par capitalisation, ... en gros, ceux qui ont provoqué la crise sont les seuls à soutenir ce plan de relance.
Il faut dire qu'encore une fois, M. GUEANT précise que ces mêmes personnes qui vont encore profiter des largesses du gouvernement ne paieront pas leur dette par la suite puisque ce sont les fonctionnaires par la réduction de leur pouvoir d'achat et les plus pauvres par la diminution de leurs droits d'accès à des biens et services communs qui paieront le plan.
Que propose l'opposition? Un plan de relance de la demande. Et ils ont raison sur un point : la crise est provoquée d'abord par la réduction permanente des salaires. Il n'y aurait pas de problème de sur-endettement si les salaires avaient été suffisamment soutenus.
En ne soutenant pas le SMIC, en réduisant le pouvoir d'achat des serviteurs du peuple que sont les fonctionnaires, en supprimant des emplois en tant qu'employeur public quand il y a tant de besoins identifiés et tant de chômage, le gouvernement a provoqué la crise. Le gouvernement français? Non, pas seulement, mais il y a participé et a supprimé les filets sociaux et biens communs qui garantissaient aux français de bien vivre les coups durs. D'ailleurs, la gauche, très critiquée aujourd'hui, s'en était très bien sortie pendant les crises mondiales de la fin des années 90. Comme quoi, la compétence économique n'est pas chez ceux qui s'en targuent...
Donc l'opposition a raison sur un point mais elle a tort par ailleurs : la crise est aussi une crise de ressources et augmenter les dépenses individuelles relancera l'économie capitaliste mais provoquera une crise écologique plus tôt.
Il faut résoudre ces 2 crises : pouvoir d'achat et écologique (ou de ressources).
C'est possible mais pour cela, il faut sortir de la logique individuelle et comprendre que c'est d'abord un pouvoir d'achat commun et minimal qu'il faut garantir et organiser en fonction des ressources disponibles. Il faut relever les normes, financer par création monétaire l'utilisation par l'État de bras inoccupés, organiser des projets structurants qui redonnent des biens communs écologiquement viables. Ce sont des mesures qui peuvent être lancées à un niveau national avec la mise en place de mesures sur les importations (vérification des normes, clauses sociales, ...) mais seraient encore bien plus faciles et efficaces à l'international.
Pour conclure, la crise financière n'est que la conséquence logique des crises de la rémunération du travail et du pillage des ressources provoquées par la logique du système capitaliste : favoriser la maximisation du profit.
Vendre les autoroutes, obliger les français et leur nation à emprunter, soutenir des achats d'utilité discutable, favoriser une consommation et une production irresponsables, diminuer les services publics garantissant les droits primaires des citoyens, ... toutes ces mesures sont totalement à côté de la plaque et il faut faire tout le contraire.
Claude GUEANT, comme les autres membres du gouvernement, impose un discours idéologique qui est dangereux pour notre pays. Il appuie sur l'accélérateur quand il y a un précipice devant nous. Il dit qu'il n'y a pas d'alternative? En fait, il avoue son incompétence !