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  • : Le blog de Thomas PETIT
  • : Recherche et partage d'alternatives à une société en panne d'imagination sociale. La théorie doit mener à une pratique positive.
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  • Thomas PETIT
  • Economiste de formation et de prédilection, j'ai touché à pas mal de petits boulots dans le privé avant de me diriger vers l'administration fiscale. J'ai eu plusieurs fois des positions importantes de négociateur et analyste syndical et politique.
  • Economiste de formation et de prédilection, j'ai touché à pas mal de petits boulots dans le privé avant de me diriger vers l'administration fiscale. J'ai eu plusieurs fois des positions importantes de négociateur et analyste syndical et politique.

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7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 12:35

Nous entendons les experts nous parler de la nécessité d’une reprise de la production et des risques d’endettements trop élevés des états.

Nous entendons parler d’une hausse nécessaire du temps de travail, et en même temps d’un chômage massif à venir.

Qu’en est-il vraiment et quels effets à long terme peut-on attendre de cet arrêt de pans entiers de notre production de richesses ? Va-t-on pouvoir retrouver un cours normal et dans quels délais ? Les effets seront-ils structurels ou conjoncturels ? Et n’est-il pas souhaitable de remettre en question un système qui ne sait pas s’arrêter 3 mois pour reprendre ensuite presque normalement ?

 

  1. Quelles pertes de richesses ?

 

Dans un premier temps, il est utile de faire un état des lieux. Beaucoup vont penser à ce stade que je vais sortir une myriade de chiffres incompréhensibles et incomparables les uns avec les autres.

Mais l’objectif de cet article n’est pas de décliner des chiffres pour en faire une analyse partiale et orientée, et qui pourraient très souvent démontrer un raisonnement contraire.

Il s’agit ici de réfléchir à la société, à notre système de production marchand qui valorise la drogue et dévalorise le travail essentiel d’un éboueur. Qui valorise de savoir jouer au ballon plus que de s’occuper des malades dans les hôpitaux.

Il s’agit de réfléchir sur le sens réel de ce qu’est une richesse, ce qui augmente la richesse d’une nation et ce qui l’appauvrit.

Et pour cela, pas besoin de chiffres, juste de réflexion sur ce qui s’est arrêté, ce qui doit reprendre, ce qui devrait ne pas reprendre ou dont la reprise n’est pas forcément nécessaire pour avoir le même niveau de vie.

Cette crise a montré que les secteurs publics qui sont considérés habituellement comme des coûts sont en réalité le socle de la société et de tout ce qui peut faire richesse. Nous pouvons arrêter de produire un film mais nous ne pouvons pas arrêter de faire travailler la police, les hôpitaux, mais aussi l’éducation nationale.

La notion de régalien ne s’arrête pas au maintien de l’ordre.

La richesse n’est donc pas que marchande. Elle est d’abord ce que produisent des femmes et des hommes pour améliorer la vie de chacun.

Et ces richesses peuvent être immatérielles ou matérielles, ponctuelles ou structurelles et cumulables.

La perte de qualité d’un service public, la perte d’un bâtiment, la perte d’une forêt… est une perte de richesse bien plus importante que la perte d’un match de foot ou le manque de vision d’un match, la baisse d’un cours d’une action qui le lendemain pourra reprendre sa valeur sur de seuls paris sur l’avenir.

 

Alors qu’avons-nous vraiment perdu pendant ces quelques mois ?

 

  1. Que faut-il « rattraper » ?

 

En ces termes de richesse, la perte à rattraper n’est à considérer qu’au niveau des productions structurelles et cumulables qui n’ont pas été maintenues.

Par exemple, un avion qui n’a pas été produit alors qu’il aurait dû l’être ne permettra pas de transporter des gens pendant les 3 mois de retard. En cela c’est une perte de confort et de niveau de vie, et donc une perte de richesses qu’il pourrait être souhaitable de rattraper.

Tout ce qui est de l’ordre extractif (agriculture, minier) peut être considéré comme une perte potentiellement à rattraper.

Les produits industriels comme les vêtements, les outils, … pourraient venir à manquer ou devenir rares alors qu’ils restent essentiels.

L’immobilier est une richesse qui se cumule, surtout si la répartition permet à tous de se loger.

 

Par contre, le fait de ne pas avoir pu boire des coups à une terrasse n’est pas une perte à rattraper. C’est un loisir qui aura manqué sur le moment mais qui n’a de valeur que dans le présent. Il n’y a donc pas de perte pour la richesse de la société et le fait de rémunérer les serveurs comme avant ne devrait pas poser de problème vu que la richesse physique nationale n’a pas diminué du fait de leur arrêt de travail.

Attention, il ne s’agit pas de dire que leur travail est inutile. Ils ne sont pas oisifs comme en parlait Adam Smith au 18ème siècle. Les loisirs dans la durée permettent une amélioration du confort de vie et donc un niveau de vie meilleur. Mais c’est une richesse ponctuelle qui ne se perd pas dans le temps. Elle se gagne sur le moment.

Dès lors, la perte ne serait pas dans une question de rattrapage mais de possibilité de reprise. Ne pas créer les conditions de sauvegarde des employés et des structures (cinémas, bars, stades, …) créerait une perte nette de confort, de niveau de vie, au moment où les conditions seraient réunies pour une reprise de ces activités. C’est d’ailleurs le sens du statut des intermittents du spectacle ou, dans d’autres sphères, les remplaçants dans l’éducation nationale. La richesse de la nation n’est pas seulement dans ce que ces personnes produisent, mais dans la disponibilité permise par la nation pour qu’ils produisent quand c’est nécessaire ou possible.

 

De nombreuses fonctions dans notre société consistent à gérer tout simplement des flux de marché pour pouvoir répartir ces richesses (bourses) ou les exploiter (commentateurs sportifs). Le fait que leur fond de commerce (activités de loisirs notamment) se soit arrêté n’est pas non plus une perte de richesse dans la durée. C’est juste une pause.

 

Quand nous parlons de pertes à rattraper, il faut aussi considérer les gains de richesses.

Or la richesse des pays n’est calculée quasiment que sur la base des échanges sur les marchés, sur la base des flux.

Ainsi, une guerre est considérée comme une chance économique parce que ce qui compte pour faire de la croissance du PIB, c’est de pouvoir construire et vendre une maison, alors que si tout le monde est propriétaire de sa maison, les flux disparaissent ou diminuent (financiers avec les loyers, physiques avec la construction et la vente de maisons).

Les actifs d’une nation ne sont que très peu pris en compte, qu’il s’agisse d’actifs matériels (infrastructures physiques) ou immatériels (services publics, culture, connaissances, éducation…). Un pays peut être en croissance tout en diminuant ses actifs, ce qui est un contre-sens. L’état de l’environnement (air respirable, eau potable naturellement, biodiversité…) n’est pas valorisé par le PIB.

Pourtant ce sont les richesses essentielles qui permettent un niveau de vie conséquent, bien plus que ce qui est pris en compte dans le PIB. Avoir de l’air gratuit est une richesse bien plus grande que si l’on avait les sous pour acheter des bonbonnes d’air nécessaires pour survivre. Pourtant le PIB valoriserait la seconde possibilité et pas du tout la première.

La crise sanitaire n’a donc pas créé que des pertes de richesses.

L’air est moins pollué. Les gens ont pu prendre le temps d’écrire à leurs proches et de retisser des liens. Certains se sont mis à coudre, écrire, lire, bricoler, pâtisser, jouer avec leurs enfants, …

 

Enfin, il faut tenir compte des richesses produites pour créer d’autres richesses et qui n’ont pas eu besoin d’être produites. Ainsi, avoir réduit les déplacements n’a pas coûté de l’essence. Avoir réduit les temps au travail a pu réduire le nombre de cas de burn out qui nécessitent un suivi psychologique, un travail, et donc une dépense qui n’a pas eu lieu…

Un caissier de cinéma n’a pas eu à faire garder son enfant par une assistante maternelle pendant qu’il travaillait, il a eu la possibilité de garder son enfant lui-même. Le PIB perd la valeur d’échange de la rémunération de l’assistante maternelle alors que la richesse produite (garder et élever un enfant) a été produite, et en plus directement par le père ou la mère.

Toutes ces dépenses qui sont autant de richesses selon le PIB sont en réalité des coûts nets pour la société, coûts qui ont diminué pendant la période de confinement.

 

Il y a donc bien eu des ralentissements dans des productions de base qui vont provoquer une perte potentielle de niveau de vie et éventuellement des hausses de prix.

Mais en réalité il s’agit d’une portion très restreinte de l’économie et une perte bien faible par rapport à ce qui est nécessaire pour bien vivre.

A l’inverse, cette pause a permis à la Terre et aux citoyens de respirer un temps qui pourra être bien bénéfique à l’avenir.

Logiquement, le rattrapage n’est pas nécessaire pour l’immense majorité des secteurs d’activité. Il s’agira juste de reprendre (comme le championnat de foot qui n’aura perdu que quelques parties de foot, ce qui n’aura pas de conséquences structurelles sur les parties de foot de la saison prochaine).

 

  1. La reprise sera-t-elle compliquée ?

 

Le système productif n’a pas été touché par la crise. Il n’y a pas eu de destruction des structures productives.

Seul le manque de finances peut créer des conditions de faillite artificielle là où, en réalité, les compétences sont présentes, les machines sont présentes, et la demande est juste en pause.

C’est à nouveau le système financier qui pourrait être défectueux pour assurer une reprise des activités dans de bonnes conditions et créer des pertes de production au moment de la reprise alors que physiquement, tout est présent pour reprendre.

Au contraire même, la logique voudrait que l’on puisse prévoir des embauches pour augmenter la production là où des rattrapages pourraient être demandés par la population. En étant cohérent, c’est une période de croissance qui devrait être prévue pour les mois suivant la crise sanitaire.

 

Il y aura bien sûr des machines grippées qu’il faudra faire redémarrer, des travailleurs qui devront retrouver un rythme de travail. Mais la consommation qui permet la production dans le système de marché ne sera défectueuse que si les consommateurs auront été étouffés par des pertes monétaires pendant la période. Et les consommateurs, ce sont les particuliers, mais aussi les entreprises et les Etats.

 

Cette crise économique liée à l’arrêt de pans entiers de notre système productif ne devrait donc s’accompagner d’aucun effet structurel si le financement reste constant et n’est pas un poids anormal pour l’avenir.

 

  1. Les dettes doivent-elles être remboursées ? Y a-t-il une perte de pouvoir d’achat ou de produits à acheter ?

 

Dès lors que la perte réelle de richesses est faible, voire annulée par les gains, les effets d’un maintien des rémunérations est logique puisque le niveau de vie devrait être maintenu. Si le marché n’a pu permettre la création monétaire correspondante et sa distribution, le fait que la banque centrale crée cette monnaie et la distribue est un gain pour la société puisqu’elle permet d’éviter un déséquilibre financier qui ne serait qu’une image fictive et tronquée de la réalité physique des richesses du monde (actifs et capacités de production).

Nous l’avons vu sur la question de la reprise, le problème n’est pas le système productif qui aurait du pouvoir faire une pause, mais le système financier qui ne sait pas gérer les pauses et demande des échéances permanentes réglées par le seul marché.

Or remplacer le marché pour financer l’économie crée des dettes qui n’ont aucun sens dans le temps. Pour aller plus loin, les marchés paralysés par la situation pourraient logiquement avoir à payer les états pour avoir permis de maintenir les trésoreries des citoyens et des entreprises, permettant une reprise rapide et quasi indolore, là où une paralysie complète détruirait les structures de production. C’est ce qu’il s’est passé lors de la crise financière des sub-primes qui a détruit une grande quantité de logements puis de structures économiques, alors qu’il ne s’agissait à la base que d’un problème de valorisations des actifs financiers.

De ce fait, monétiser les dettes d’Etats, créées pendant la période pour pallier le manque de financement de l’économie par le système financier classique, serait tout à fait logique et même nécessaire.

 

Nécessaire parce que ce même système défectueux pourrait mettre à mal les services publics dont nous avons vu pendant la crise qu’ils n’étaient pas un coût mais une richesse immense.

En demandant le remboursement rapide de ces dettes, en jouant sur les marchés et en augmentant les taux, ces marchés, dont les états ont fait le travail pendant la crise sanitaire, pourraient créer une crise économique majeure comme celles de la Grèce en 2009, ou de l’Argentine à la fin du 20ème siècle.

 

Il serait bien plus responsable de monétiser ces dettes et de gérer les risques d’inflation (très faibles en Europe) grâce aux marges productives que cette annulation des dettes donnerait aux Etats, notamment pour investir dans des structures de production plus durables[1].

 

 

  1. Un changement de système ?

 

Le président de la République dans son allocution du 16 mars 2020 a annoncé que le monde d’après ne serait pas le même.

La crise sanitaire a montré les difficultés du système de production et de marché actuel à s’adapter à une crise imposant simplement une pause.

Cette crise a montré les défauts d’orientation stratégique des marchés qui ont mené à des choix de court terme délaissant les richesses les plus essentielles dont font partie les services publics.

Comme en 2008, c’est le système financier, entièrement laissé aux individualités, qui risque de faire défaut, incapable de faire des choix responsables macro-économiques.

Comme en 2008, ce sont les états, les collectivités locales, les administrations, les services publics, les banques centrales, … qui permettent d’éviter un effondrement de l’économie de marché.

Comme après 2008, nous entendons déjà ces mêmes tenant de l’économie ultra-libérale, ces mêmes personnes qui ont prôné les baisses de « charges » (sans voir qu’il s’agissait de cotisations, de richesses cumulées pour préparer l’avenir) qui dénoncent les prises de risque insensées des états qui accumulent des dettes qui ne pourront être remboursées … si leur système est préservé.

 

Et ils ont raison.

Si nous ne changeons pas le système financier, le calcul des richesses, la manière de répartir ces richesses, … alors, nous allons vers une catastrophe économique et humaine, parce que les états ne pourront rembourser, les entreprises ne recevront plus les commandes des états, les citoyens seront appauvris par le chômage ou la perte des revenus pendant la crise…

 

Tout cela pourrait être évité en retrouvant le sens de ce qu’est notre richesse collective, ce qui fait notre niveau de vie, pas seulement en le comptant en monnaie gagnée sur un marché, mais simplement en capacité d’accès et donc de production à des biens et services.

 

Ne pas monétiser les dettes produites pendant la crise que ce soit par les états mais aussi par les entreprises (y compris le report des cotisations ou impositions) provoquerait une crise économique purement artificielle, simplement en étouffant les acteurs économiques alors que la monnaie n’est qu’une écriture et une question de confiance.

Or la confiance se gagne en prenant des décisions responsables, des décisions prenant en compte la réalité et pas des paris sur les marchés.

 

L’économie doit à nouveau tenir sur deux pieds.

Une liberté de marchés avec des choix individuels, mais aussi une gestion à un niveau collectif des biens et services nécessaires pour la continuité et l’amélioration des conditions de vie.

Cela suppose de redonner la capacité aux Etats de gérer la création monétaire, et aux particuliers de ne plus dépendre du seul travail qu’ils ont effectué dans le mois précédent (par exemple en recevant un revenu minimum qui leur permette de s’arrêter de travailler pour le marché quand c’est nécessaire)[2]. Arrêt qui est parfois une production collective plus essentielle encore.

 

Une économie durable, des services publics valorisés, un système marchand présent mais pas dictatorial.

Nous avons ici non pas une récession mais bien une chance qui pourrait se présenter… si nous faisons les bons choix.

Le premier de ces choix à faire est de monétiser les dettes créées pour gérer la continuité pendant l’urgence sanitaire.

 

[1] Il est utile de lire l’excellent article de Christian Chavagneux sur la possibilité d’annuler les dettes détenues par les Etats contre des investissements verts https://www.alternatives-economiques.fr/annulation-dettes-souveraines-bce-soyons-iconoclastes/00092460

 

[2] Et bien d’autres possibilités comme le capital de base proposé par Piketty, ou une prise en compte différenciée des investissements durables.

 

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 16:36

Le Parti Socialiste est en phase de congrès.

Les élections départementales arrivent mais les militants pour une fois ne s'activent pas seulement à coller des affiches mais aussi à réfléchir à l'avenir du parti, à l'avenir de la France si nous parvenons à mettre en place nos propositions quand nous sommes au gouvernement.

C'est une phase à la fois fatigante tant on a envie de dire des choses, d'envoyer des messages, et pour les mêmes raisons une période stimulante, passionnante.

Bien que le gouvernement socialiste nous désespère parfois par son incapacité à être fier d'être socialiste, l'idéologie mondiale est en train de basculer et de nous donner raison, portant un espoir de renouveau.

Ainsi, que ce soit au niveau du financement de l'économie par création monétaire ou la réduction des inégalités et du chômage par une reprise de la réduction du temps de travail, les idées proposées, diffusées dans ce blog trouvent depuis quelques temps un echo dans les réflexions universitaires, politiques, et même dans les actes pratiques.

Un vent de renouveau se lève dans le monde et nous allons tenter de le porter au sein du parti socialiste dans les mois qui viennent.

Le congrès de Poitiers sera capital pour savoir si ce grand parti, point de gravité de la gauche, retrouve ses valeurs et sa fierté qui ont fait son succès en 1997, ou bien s'il reste sur une ligne caporaliste, sans idée, et se détournant vers les mirages néolibéraux.

Ce congrès sera capital car il soit il permettra une relance de la gauche et le succès de la fin du quiquennat, soit il condamnera le PS au même destin que le Pasok en Grèce tout en donnant les clés aux extrémistes et à la marée noire lepéniste.

La France mérite mieux que cela et nous allons y travailler !

Dans les jours qui viennent, je vais donc proposer sur ce site les différentes contributions auxquelles j'ai participé et/ou qu'il me semble intéressantes à lire et à soutenir.

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4 septembre 2013 3 04 /09 /septembre /2013 16:43

Une situation inextricable

 

Ce blog a pour vocation de proposer des alternatives à des situations qui paraissent bloquées et sans issues.

 

Sans être spécialiste de la question syrienne, il semble qu'en ce 4 septembre 2013, après les attaques au gaz à priori faites par le gouvernement, après 2 ans de guerre civile dont on a du mal à savoir qui l'on voudrait voir vainqueur vu les risques des 2 côtés des belligérants, la situation semble bien compliquée.

 

Pourtant, il y a un quasi consensus présent sur 1 point : nous devons intervenir.

C'est une obligation morale poussée par l'émotion présente mais aussi par notre responsabilité présente devant l'histoire. Si l'on ne fait rien, nos descendants s'occuperont de nous rappeler que nous n'avons pas empêché le massacre de milliers de personnes alors que nous serons supposés avoir eu les moyens d'intervenir. C'est le fameux rappel de Munich qui est fait ces derniers jours.

 

Les objectifs

 

Le problème, c'est qu'à Munich il y avait d'un côté les démocraties et de l'autre les dictatures.

Là nous avons un dictateur qui fait fasse à une révolte (non sire, une révolution, me direz-vous) qui, bien que légitimée par la violence du pouvoir en place implique une violence supplémentaire et ne propose pas une alternative précise.

 

Qui sont les rebelles?

Des citoyens mais aussi des bandits, des mercenaires, des intégristes.

Plus le conflit s'éternise, plus les citoyens convaincus d'un idéal démocratique seront faibles et peu nombreux, le sentiment de besoin de vengeance prenant la place de l'idéal politique.

 

Notre objectif doit donc être bien déterminé car nous ne pouvons certes pas rester les bras croisés mais nous ne pouvons pas non plus être ceux ayant mis au pouvoir des gens peut être pires. Munich fait appel à l'histoire, le soutien de Ben Laden et des talibans par la CIA aussi.

 

L'objectif est-il donc politique (destitution du dictateur et mise en place d'un gouvernement nous convenant mieux) ou la protection des civils?

 

Dans le premier cas, il s'agit d'être plus fort que l'adversaire. Dans le second cas, il s'agit de poser un bouclier le plus étanche possible ou de ne pas laisser les civils au milieu des combats.

 

Les moyens

 

Le problème est de savoir si l'on a vraiment les moyens.

 

La solution militaire est alors la première proposée. Il faudrait punir le vilain Bachar. Seulement, le punir avec des missiles Tomahawk risquerait de faire autant de morts et plus de dégâts que les attaques au gaz que l'on lui reproche.

Nous devons à ce point faire une parenthèse. Les attaques au gaz sont terribles. Mais le sont-elles plus que la torture organisée impliquant des enfants? Le sont-elles plus que les bombardements qui ont conduit déjà à plus de 100000 morts et 2 millions de réfugiés par ce conflit?

Par ailleurs, si l'on attaque, ne fera-t-on pas plus de dégâts? Est-ce qu'une solution militaire permettra d'atteindre l'objectif politique ou de protection des civils?

Peut être que l'objectif pourrait être atteint mais on peut avoir des doutes sur la protection des civils.

La "solution" militaire semble donc ne pas atteindre les objectifs fixés.

De plus, elle est très contestée et le serait encore plus si ce moyen d'action est utilisé sans l'aval de l'ONU ou même sans vote au Parlement. Certes la constitution ne prévoit pas ce dernier vote mais la situation exige une responsabilité nationale sans compter que le candidat Hollande disait que président il donnerait au Parlement la parole sur les sonflits éventuels.


La communauté internationale semble enfin pouvoir être convaincue de la nécessité d'une intervention.

Jusqu'ici la solution politique est privilégiée mais en quoi consiste une solution politique avec un dictateur qui n'arrêtera pas les bombardements pendant les discussions ?

 

La question est donc est-il possible d'envisager une solution pacifique pour atteindre les objectifs fixés.

 

Pour l'objectif politique, ça me paraît très difficile. Si les armes ont parlé, c'est justement parce que la solution politique n'a pas fonctionné. Les faits confirment l'analyse de Machiavel disant que la guerre était le prolongement de la politique.

Il y aurait bien la possibilité de faire une grande marche pacifique vers Damas en espérant que le nombre, y compris de femmes et d'enfants, s'avançant vers le palais du dictateur dissuadera les forces en présence de causer un nouvau massacre. Mais la première croisade a montré que ce que Gandhi a réussi en Inde pouvait aussi se terminer dans une marre de sang innocent.

 

Pour l'objectif de protection des civils, il y aurait peut être une solution et c'est l'enjeu de cet article de proposer cette idée.

 

Une alternative?

 

Dans la recherche d'une solution pacifique protégeant les civils, la question est d'abord de savoir où ces civils seraient en sûreté.

La réponse immédiate est celle des réfugiés : hors des frontières de la Syrie.

Il me semble que nous devons écouter ce message et en tenir compte.

L'idée serait en effet de faciliter ces exfiltrations des zones de combat et permettre aux civils de reprendre une vie normale à l'extérieur, dans un pays limitrophe ou un peu plus loin.

Nous faisons exactement la même chose pour nos ressortissants quand ils sont en danger : au lieu de positionner des troupes dans le pays et d'engager une confrontation, nous préférons retirer notre présence et laisser faire les combats que nous ne pouvons arrêter.

 

Malheureusement, d'habitude nous ne nous occupons que de nos ressortissants et pas des populations locales.

 

L'idée proposée est d'enfin tenir compte des populations locales.

L'idée est de faciliter leur déplacement en finançant les ONG et les pays limitrophes pour inciter et faciliter l'accueil des populations civiles concernées.

Nous pourrions commencer par nos propres règles en ne refusant pas les réfugiés Syriens sur notre territoire comme c'est semble-t-il le cas actuellement.

Mais nous pouvons aussi proposer un plan global à l'ONU qui fasse basculer le coût potentiel d'une intervention militaire en ressources pour organiser les camps de réfugiés dans de bonnes conditions sanitaires et au-delà.

 

Au-delà de ce coût, les bénéfices pourraient être multiples à la fois en diminuant les tensions avec les populations d'accueil puisque nous proposerions des ressources qui leur profiteraient directement ou indirectement.

La communauté internationale pourrait s'accorder beaucoup plus facilement sur une action de ce type augmentant le nombre de pays qui pourraient mettre la main à la poche.

Au lieu d'augmenter la violence et un ressenti négatif pouvant se retourner contre nous, nous pourrions aider les populations à s'organiser pacifiquement en vue de leur retour à la fin des combats.

 

Bref, cette proposition permettrait à la fois d'agir et de ne pas le faire militairement. Elle permettrait de protéger les populations sans avoir en permanence à prendre partie pour tel ou tel belligérant. Elle permettrait de construire et de préparer un avenir dans la coopération internationale plutôt que de procéder par la destruction avant d'imaginer éventuellement une aide à la reconstruction.

 


 



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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 23:02

Manuel Valls assène à qui veut l'entendre qu'il dit la vérité et que c'est ce message de vérité qu'il faut dire, critiquant en creux les messages ambitieux et volontaristes des autres candidats.

C'est  cause de ce genre de discours que j'ai créé ce blog !

Dans ce cadre, j'avais mis quelques petites phrases que vous pourrez retrouver en bas de page du blog, dont :

"La réfutation de l'alternative est soit un manque de compétences, soit une stratégie pour s'imposer.
Dans les 2 cas, il faut s'y opposer."

 

Alors après avoir encore entendu ce genre de discours en écoutant l'interview  de Manuel Valls de ce matin sur France Inter, mon sang n'a fait qu'un tour et je lui ai écris le message ci-dessous (sur son adresse mel à l'Assemblée) que je voulais vous faire partager.

 

"Bonjour,

Vous êtes remonté dans mon estime pendant les débats du fait qu'il me semble que vous avez en fait une vision assez progressiste dans de nombreux domaines mais avec un vocabulaire qui ne correspond pas et des idées en retard d'une crise (au moins).


Or vous parlez de vérité avec condescendance vis-à-vis des autres candidats d'une manière insupportable et je voulais vous le dire : vous parlez de votre vérité, pas de LA vérité.


Vous avez en cela dans la bouche l'argumentaire de la droite, fataliste, disant qu'il n'y a d'autre chemin que celui qu'ils montrent. Vous avez vu où ce chemin a mené??? Si c'était le seul chemin, alors c'est qu'il n'y avait pas de chemin du tout !


Il en est de même aujourd'hui : il n'y a pas un seul chemin mais des choix multiples, difficiles mais dont la seule vérité, la seule responsabilité, c'est de les mettre en cohérence pour atteindre les objectifs fixés.

Or vous ne serez pas élu pour regarder la crise qui passe mais au contraire pour créer les marges de manœuvre  que vous ne voyez pas, pour améliorer la vie malgré les contraintes extérieures, les contraintes du système, la dette et tous les autres problèmes de la France.


C'est d'ailleurs ce que j'ai apprécié dans votre discours sur le canabis où vous avez affirmé cette volonté en indiquant que votre rôle ne serait pas de valider les mauvais choix de santé publique parce que l'on est actuellement incapable de se battre pour les imposer.

Alors je vous saurais gré d'arrêter de dire que les autres sont démagogiques ou de faire des allusions sur des discours mensongers et au contraire de remettre en question vos certitudes et d'estimer que vous proposez un choix mais que vous pourriez bien vous tromper vous-même.

Amitiés socialistes,

Thomas PETIT"

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 12:17

Je lisais ce matin dans une interview de Manuel Valls qu’il n’était pas possible de faire ceci, pas possible de faire cela[1].


La première conséquence de genre de discours est de créer une sorte de fatalisme dans lequel  il n’y aurait pas d’alternative. Ceci met les citoyens dans une situation embarrassante où de toute manière leur vote ne mènera qu’à la faillite ou à une seule politique (qui ne mènerait pas à la faillite de l’État mais mènerait à leur propre faillite). C’est donc un discours dévalorisant la politique.


Mais si c’était la vérité et qu’il s’agissait de courage, ce discours serait honnête et louable.


Seulement, et j’en viens à la deuxième conséquence, il n’est en rien courageux car il est réducteur et fait un raccourci marquent un grand manque d’imagination et d’honnêteté. Car il n’y a pas de fatalité en politique mais des actions et des conséquences.Indiquer qu’une action est impossible consiste à nier toute analyse des conséquences à la fois de la solution rejetée, mais aussi des solutions proposées.


Ainsi, Sarkozy disait qu’il fallait exonérer les heures supplémentaires. Beaucoup étaient contre (même à droite). Certains disaient que c’était impossible. Or il a bien mis en place cette mesure ce qui montre que c’était possible.

Par contre, il s’agissait effectivement d’une grave erreur économique détruisant plus de 100000 emplois directement et empêchant le financement de près de 400000 emplois dans la fonction publique (à comparer aux 150000 suppressions de postes en 5 ans pour quelques économies…).


De même, le même Manuel Valls à propos du Traité Constitutionnel Européen nous assenait (comme beaucoup de défenseurs du oui) qu’il n’y avait pas d’autres solutions. Ceci a pesé lourdement dans le vote car les français se sont sentis dépossédés de leur vote : pourquoi proposer un référendum s’ils n’avaient pas droit de voter non ??? Il y avait des arguments pour expliquer que les conséquences d’un vote favorable étaient très positives pour une Europe sociale, ce qu’avait compris la confédération européenne des syndicats qui soutenait le oui. On pouvait aussi légitimement demander aux tenants du non de se mettre d’accord sur ce que signifiait le non (ce qu’ils auraient été incapables de faire entre FN, décroissants et extrême gauche). Mais au lieu de cela, ils ont préféré masquer les conséquences positives et négatives du TCE et ne parler que de fin du monde si le non passait. On a vu le résultat.


Pour prendre un exemple concret et d’actualité, Manuel Valls, dans son interview de ce matin, disait notamment que créer 300000 nouveaux emplois jeunes (il ne s’agirait plus exactement de ce nom en fait selon le programme socialiste) n’était pas possible. D’où tient-il cette impossibilité ? De nulle part (ou peut être des agences de notation ou du dernier congrès de l’UMP ?) et en tout cas pas de source sérieuse.

En effet, les paramètres à prendre en compte sont : le coût (et donc les moyens à mettre en face), les ressources disponibles, les besoins.


Le coût :

300000 emplois dans la fonction publique reviennent à environ 1,5 milliards d’euros tout compris[2] soit le coût de la réforme de l’ISF en 2011, 1/3 des exonérations sur heures supplémentaires, ou de la baisse de la TVA sur la restauration, 1/5 du coût de la suppression de la taxe professionnelle. Il était donc possible de créer 1500000 emplois jeunes en faisant le choix de conserver la taxe professionnelle à la place. Le coût n’est donc pas un problème mais une question de choix.


Les ressources :

il s’agit essentiellement de services et donc de ressources humaines. Avec 640000 jeunes de moins de 25 ans au chômage, les ressources semblent disponibles[3]. La mise en adéquation des compétences et des missions pourrait impliquer des formations supplémentaires mais vu que ce sont des emplois dans des secteurs à créer (et donc ne concurrençant pas d’autres emplois), il est évident qu’un temps est nécessaire pour se former et s’organiser.

 

Les besoins :

qui peut nier les besoins dans le secteur de la dépendance ou de la transition écologique ?...

 

Après analyse, il apparaît que créer 300000 « emplois jeunes » est tout a fait possible. N’en déplaise à M. VALLS, il s’agit donc d’un choix. Lui préfère faire le choix de ne pas créer de l’emploi et de faire un pari sur d’autres mesures qu’il pense susceptibles de créer de la croissance et peut être des emplois (la croissance est loin de toujours créer des emplois…). C'est son droit.


Pour mémoire, 85% des 500000 emplois jeunes de la période Jospin-Aubry avaient été pérennisés.

Combien d’emplois ont été réellement créés avec des mesures d’exonérations de charges (c'est-à-dire de baisses de salaire brut) comme les exonérations sur les heures supplémentaires ?...


Il n’y a pas d’impossibilité, il y a des choix et des conséquences, des paris et des expériences.

M. VALLS devrait informer plutôt que propager des rumeurs !



[1] http://www.liberation.fr/politiques/01012353940-manuel-valls-dire-que-les-impots-ne-vont-pas-augmenter-c-est-mentir-aux-francais?xtor=EPR-450206

[2] 259,4 milliards de dépenses de personnels par les administrations publiques pour 5,2 millions de fonctionnaires soit environ 50000 euros par fonctionnaires par an (http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1348 et http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=T11F045)

[3] http://eco.rue89.com/2010/08/18/les-jeunes-face-au-chomage-une-generation-perdue-162822

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 16:13

INTERVENTION DE GERARD FILOCHE DANS LE DEBAT SUR « LE PROJET SOCIALISTE » AU CONSEIL NATIONAL DU 9 AVRIL 2011
 

 


"Nous devons nous féliciter d’avoir un projet qui rassemble tous les socialistes. Car, sans l’unité des socialistes et de toute la gauche, rien de grand ne s’est jamais fait et ne se fera jamais dans ce pays.

C’est un projet « socialiste ».

C’est un projet de « changement ».

Et il y en a tellement besoin après cinq ans de misère sarkozyste, que les Français, les salariés français y trouveront des raisons d’espoir.

Sarkozy c’est le pire que nous aillions eu à subir dans les décennies récentes. Le plus anti-social des présidents. Une catastrophe. Je ne dis pas, moi « qu’il n'a pas tenu ses promesses », il les a hélas toutes tenues, c’est un intégriste néolibéral, thatchérien, reaganien, et il a fait tous les ravages qu’il avait annoncés. Plus même puisqu’il a pillé les retraites qu’il avait promis de ne pas toucher et qu’il a privatisé EDF qu’il avait juré de ne pas privatiser. Il s’agit de reconstruire.

Et quand on lit ce texte, on sait qu’on rompt avec le sarkozysme et qu’on revient dans le bon sens.

C’est important pour les Français que nous disions que nous allons abroger la loi 2010 sur les retraites et que nous allons revenir à l’âge légal de 60 ans. C’est décisif.

Ils n’aiment pas les grandes phrases, ils ont raison, ils cherchent à juger sur des actes, des chiffres, du concret.

Il y a eu 8 millions de manifestants et 75 % de l’opinion pour cela. Nous sommes attendu là-dessus. C’est le test.

Bien sûr, je sais qu’il y a discussion sur le nombre d’annuités de cotisations. Mais nous disons que nous verrons avec les partenaires sociaux, donc les syndicats. Nous devons les entendre. Je suggère que nous partions, comme le disait Michel Sapin ce matin, du « réel ». Pas du réalisme, mais du « réel » en soulignant le mot. Le « réel » en matière d’annuités de cotisations, c’est que Fillon et Sarkozy en huit ans, nous ont fait passer de 37,5 annuités à 42 annuités pour avoir une retraite à taux plein. Mais le « réel » dans la vie « réelle » c’est que les salariés français cotisent en moyenne 36,5 annuités. Cela n’a pas augmenté depuis 17 ans, cela a baissé. Et entre 36,5 annuités et 42 annuités l’écart est de 6 ans. Ils disent « cotisez 42 », et « en pratique on cotise 36,5 ». Ils font sauter les gens à la perche sans perche.

Le seul résultat est une baisse massive du niveau des retraites. On ne peut avoir un tel écart. D’autant que le maintien des seniors au travail comme on dit, ça ne marche pas. Non seulement ça ne marche pas, mais ça recule : il y a 21,5 % de seniors en plus au chômage l’an écoulé. Alors je suggère de nous en tenir prudemment à la vie réelle et pas aux objectifs abstraits, inatteignables et non atteints que fixe la loi : je ne suis pas pour qu’on chasse els gens du travail à 53, 54, 55 ans, si ils sont en compétence et peuvent travailler sans pénibilité, dans le bâtiment, je précise que je suis pour la retraite à 55 ans, mais là ou c’est possible, au lieu d’être licenciés avant l’âge, les salariés doivent pouvoir continuer, et si la moyenne réelle passe à 37, puis à 38, puis à 39, puis à 40 annuités prenons là pour référence, mais la moyenne réelle, pas la moyenne abstraite et fausse !  

Ensuite le chômage, on a 5 millions de chômeurs, 5 millions le record absolu, Sarkozy est allé chercher le chômage avec les dents, la misère. On propose 300 000 emplois jeunes dont 100 000 la première année. C’est bien. Mais il reste combien ? 4,7 millions. Ce n’est pas la croissance qui réglera le problème. Je suis d’accord avec Pierre-Alain Muet, ce n’est pas la croissance qui crée l’emploi c’est l’emploi qui crée la croissance. L’emploi, ça se crée, ça se commande, le droit DU travail crée du droit AU travail. Impossible de réduire le chômage de masse sans réduire le temps de travail. C’est la deuxième raison pour laquelle, les Français et salariés français (ils sont 93 % de la population active) vont apprécier notre projet : nous proposons d’abroger l’essentiel du mal sarkozyste, la loi TEPA, les heures supplémentaires payées par l’état aux patrons, 4,4 milliards, qui font travailler deux fois plus ceux qui ont un boulot a la place de ceux qui n’en ont pas. Il faut rapprocher la durée réelle du travail, qui maintenant dans la vie réelle, réelle, est de 41/42 h, de la durée légale de 35 h. C’est ce qui est proposé : avec des heures supplémentaires rendues plus coûteuses que l’embauche, avec un repos hebdomadaire, je propose deux jours dont le dimanche, abaisser la durée maxima du travail, l’encadrer, la contrôler, c’est créer de l’emploi. Il y a probablement un milliard d’heures supplémentaires dissimulées, pas comptabilisées, pas payées, pas majorées, et c’est l’équivalent de 600 000 emplois à temps plein. Il y a de la marge ! Il y a de quoi faire !
 
Les salaires, c’est le gros morceau. Il est insupportable que le salaire médian soit de 1500 euros. 50 % en dessous ! et 8 millions en dessous du seuil de pauvreté, de 900 euros. Le Smic est scandaleusement bloqué depuis 5 ans. Alors que l’inflation est de retour, que tout augmente, transports, gaz, électricité, assurances, tout… Il faut dire à quel niveau de rattrapage on se place. Pour cela je suggère d’écouter les syndicats et le plus important d’entre eux qui défend le Smic à 1600 euros. En 2007 nous défendions 1500 euros, cinq ans après cela semble raisonnable de dire 1600. Il faut aligner les minima des conventions collectives par. la loi sur le Smic. Car on dit dans le projet qu’il faut que les entreprises et salariés s’entendent, oui, mais les patrons ne le veulent pas, ils ne négocient pas, donc il faudra intervenir. Surtout s’il y a une « conférence annuelle sur les salaires ». Car elle existe déjà : chaque année il y en a une, c’est prévu, avant c’était en juin maintenant c’est en décembre avant la fixation du Smic. Mais le Medef ne lâche rien. Il y a les conventions collectives, grilles de salaires, de métiers, de carrière, il faut que l’état soit volontaire, car sinon rien ne changera, l’extension des conventions collectives relève de l’état, c’est un  moyen puissant de pression pour la hausse des salaires.

Dans les salaires il y a l’égalité salariale hommes-femmes : les femmes gagnent en moyenne 27 % de moins que les hommes. Évidemment instaurer l’égalité, c’est une hausse moyenne de 27 % pour une travailleuse sur deux salariés. C’est pour cela que c’est dans les textes depuis trente ans et que les patrons ne le veulent pas. À travail égal salaire égal, ça ne se fait pas parce qu’il n’y a pas de sanction à la clef.

Je ne suis pas certain de l’efficacité de la menace de la suppression des exonérations de cotisations sociales. Ça vise qui ? Les petites entreprises aidées de 1 à 1, 3 ou 1,6 le Smic ? Il y a surtout 1000 entreprises de plus de 1000 qui emploient 3,5 millions de salariés et qui produisent 48 % du produit intérieur brut. C’est là qu’il y a les disparités salariales les plus fortes hommes femmes, d’ailleurs il n’y a que 7 % de cadres supérieurs qui sont des femmes.  Je suggère de regarder ce que la droite a fait avec les seniors en 2009 : elle a menacé  de taxer ces 1000 entreprises de 1 % de la masse salariale si elles ne signaient pas des accords pour le maintien des seniors dans l’emploi. C’était en 2009 et la date limite était le 1er janvier 2010 : sous cette menace, elles ont toutes signé, des accords creux et qu’elles n’ont pas respecté, mais elles ont signé. La question est plus facile à faire et à contrôler pour l’égalité salariale entre sexes : si avant le 1ier janvier 2013, par exemple, elles n’ont pas instauré cette égalité-là disons qu’elles seront taxées de 1 ou 2 % de leur masse salariale par an ! Vous verrez qu’elles vont le faire ! Et ça se diffusera dans le 1 million de petites entreprises de moins de 10 qui font travailler elles aussi 3,5 millions de salariés, Commençons par le haut, l’ordre public social se diffusera par le bas…
 
Les Français seront aussi contents qu’on défende un salaire maxima. Cela les rassurera sur le partage des richesses que nous voulons faire dans la vie réelle. Pas plus de 20 fois le Smic dans le secteur public. En fait cela devrait être partout. J’avais dit une fois ça à la chaîne parlementaire : alors le patron et l’UMP qui étaient en face de moi se sont écriés : « - Mais c’est Pol Pot ! »  J’ai dit « - Non, c’est Roosevelt » car c’est Roosevelt qui a fait cela en 1942, pas de salaires supérieurs à 20 fois le Smic, et au-dessus il a fait une tranche d’impôt qui a raflé tout à hauteur de 88 %. L’UMP et le patron ont réfléchit et m’ont dit :  «  - Oui, mais c’était une économie de guerre » J’ai répondu «  - Mais vous dies tous les jours qu’on est en guerre économique » ! ».
 
La précarité : on propose de taxer le travail précaire. Oui. Mais prenons l’exemple de Renault Douait qui faisait travailler 4500 salariés dont 2000 intérimaires. Est-ce un mode de gestion du personnel acceptable ?  Leur supprimer les exonérations n’est pas convaincant. Ils y gagnent au système d’intérim au détriment de tous leurs salariés. Le droit du travail doit l’interdire si on veut de l’emploi ferme en CDI. On ferait mieux de dire qu’il y a un quota de 5 % de précaires, CDD, intérim, pour remplacement de salariés absents ou surcroît exceptionnel de travail, 5 % (sauf dérogation préalable exceptionnelle) et ainsi on prohibe la généralisation du non CDI.

De façon générale car je n’ai plus de temps, il faut savoir qu’on était dans un pays où la chef du patronat, Laurence Parisot, c’est elle qui dirige avec Sarkozy, dit « la liberté de penser s’arrête là ou commence le code du travail ». C’est elle qui a fait remplacer une partie du droit collectif du licenciement par la « séparabilité », celle qui  a produit la « rupture conventionnelle » soit 250 000 licenciements non motivés, de gré à gré, le plus grand plan pas social de ce pays, 500 000 ruptures de contrats depuis deux ans… C’est bien que le projet veuille contrôler les licenciements indus et boursiers. Il faut abroger, et reconstruire le code du travail, c’est un droit intime, quotidien, décisif pour 18, 3 millions de salariés du privé et aussi pour les 5 millions de salariés du public qui souffrent pareillement de la mise a mal de leur statut, l’équivalent appelé RGPP, les sarkozystes ont fait des ravages depuis 5 ans, ils ont passé le code du travail à l’acide des exigences du Medef, il faut le reconstruire, un vrai code du travail protecteur "

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 01:32

1) Concernant les patients :

- Préservation des droits des malades à l’information et à la dignité.

- Meilleur remboursement des soins indispensables, en particulier les soins dentaires et de lunettes.

- Plan drastique anti-fraude

Gain estimé : 5 milliards d’euros

 

Commentaire :

OK pour l’information, la dignité, et le meilleur remboursement des soins indispensables. Même l’UMP promet toujours ce genre de chose mais concrètement ils font le contraire sous prétexte de supprimer la fraude.

Aïe, c’est aussi le discours du FN qui chiffre en plus à 5 milliards un plan anti-fraude qui serait effectivement drastique pour obtenir de tels résultats (résultat en plus toujours très aléatoire). Drastique signifie qu’il y aurait de nombreux dégâts collatéraux.

Faut-il économiser 5 milliards d’euros sur un budget d’environ 210 milliards d’euros en créant un risque de déremboursement de personnes gravement malades ? Marine LE PEN prendra-t-elle la responsabilité de victimes potentielles de cette chasse aux sorcières (vu qu’elle est pour la peine de mort, elle devrait y réfléchir à 2 fois…) ?


 

2) Mettre en place des initiatives fiscales ayant pour objectif l’installation ou le maintien de médecins dans les zones rurales.


 

Commentaire :

En général, les zones franches impliquent plus d’effets d’aubaine que d’effets réels. Ceux déjà en place en profiteront, les jeunes n’ayant pas ue clientèle suffisante et de toute manière non imposable n’en profiteront pas.

Ce qui est certain dans un projet de réduction fiscale, c’est que l’on diminue les recettes des biens collectifs au départ, dont la santé ! Les conséquences sont évidemment le manque de moyens par exemple dans les hôpitaux et suite au délabrement dont ce genre de politique est la cause, c’est la privatisation assurée qui au final augmente les prix pour un service contingenté aux plus riches.


 

3) Concernant la distribution des soins en ville par les praticiens de santé :

 


- Préservation du caractère libéral de l’exercice médical, spécificité française qui ne doit pas disparaître au profit d’une subordination excessive aux gestionnaires des caisses. Seul l’intérêt des patients doit déterminer les limites de l’exercice médical : il faudra refondre le système conventionnel et la nomenclature, outil de la fonctionnarisation, en libérant les praticiens de santé de tout lien direct avec les assureurs des patients.


Commentaire :

Une seule chose à comprendre dans cette phrase alambiquée : vive le privé à bas l’outil de « fonctionnarisation ». Le FN n’a donc pas changé : le pauvre ouvrier ne sera pas aidé pour soigner ses problèmes liés à de dures conditions de travail.

 

- Préservation du secret professionnel, de la libre prescription et de l’initiative professionnelle.

 

Commentaire :

OK, qui pourrait être contre ?

 

- Meilleure formation initiale et continue des praticiens de santé dans tous les domaines, en particulier la gériatrie et la santé publique, ainsi que des personnels de soins et d’accompagnement de vie des personnes dépendantes : la dépendance sera un des enjeux majeurs des 15 prochaines années.

 

Commentaire :

Il fallait déjà près de 10 années de formation, le FN propose-t-il de passer à 20 ans de formation ?

 

- Préservation du caractère contractuel des relations avec les patients.


Commentaire :

OK

 

- Préservation des ordres professionnels.

 

Commentaire :

Pour un parti qui se dit anti-castes, anti élites, favoriser le corporatisme est pour le moins étonnant.

 

- Abandon de la maîtrise comptable et de tous ses outils (médecin traitant, quotas, filières…). Abandon du numerus clausus, limitant ainsi le nombre des médecins à diplôme étranger.

 

Commentaire :

OK.

 

 

4) Concernant la distribution des soins à l’hôpital et en clinique :


- Gestion responsable et équilibrée des hôpitaux et des cliniques, libérée des enveloppes globales.

 

Commentaire :

C’est la suite de ce que fait l’UMP : chaque hôpital doit avoir une gestion équilibrée c’est-à-dire pas de solidarité nationale et pas d’hôpitaux dans les secteurs ruraux !

 

-Renvoi de chacun à sa mission initiale : les soignants soignent, les administratifs gèrent.

 

Commentaire :

Il faudrait réembaucher des administratifs pour ça et donc déterminer de nouveaux moyens pour les hôpitaux. Vu la proposition précédente qui impose l’équilibre des comptes individualisés de chaque hôpital, cet objectif paraît très illusoire.

Par ailleurs, cloisonner les fonctions aussi durement implique moins de souplesse pour les usagers comme pour les travailleurs.

 

- Refonte des urgences, responsabilisation des soignants quant à la continuité des soins et des gardes.

 

Commentaire :

Qu’y a-t-il derrière cette refonte ? Ça peut être n’importe quoi.

Pour la responsabilisation, c’est mettre encore plus de juridique sur une profession surchargée par le travail. Faudra-t-il voir une multiplication des procès à l’encontre des infirmiers-ères ???

 

- Aménagement de la loi des 35 heures pour le personnel de santé.

 

Commentaire :

Quel aménagement ? Suppression ? Ces imprécisions ne peuvent qu’inquiéter les personnels concernés.

 

- Maintien raisonné des hôpitaux de proximité.

 

Commentaire :

Contradictoire avec l’objectif d’équilibre. Ou bien ces hôpitaux ne seront que des coquilles vides pour se donner bonne conscience ?

 

- Généralisation d’un partenariat Hôpital-Ville dans le développement des soins d’hospitalisation à domicile.

 

Commentaire :

Là encore il faut voir ce qu’il y a derrière mais le concept paraît intéressant.

 

 

5) Concernant le cas particulier du médicament et des biotechnologies :


 

- Frein aux pratiques mondialistes de regroupement des laboratoires au détriment des petits laboratoires innovants.

 

Commentaire :

Et que fait-on pour développer les petits laboratoires innovants quand ils deviennent grands ? Que fait-on des contrats de recherche entre laboratoires (grands et petits) pour mettre les moyens en commun ? S’agit-il de mettre plus de concurrence dans la recherche médicale ?

 

- Aide à la recherche privée et développement de la recherche publique en urgence.

 

Commentaire :

Quelle aide ? Pour quel coût ? A quel moment y a-t-il urgence ? Et puis lancer une recherche dans l’urgence signifie que l’on n’a pas été prévenant. Pourquoi ne pas lancer des recherches avant l’urgence ? Faut-il attendre des morts pour lancer une recherche publique ?...

 

- Révision de la fiscalité propre à l’industrie chimico-pharmaceutique.

 

Commentaire :

Dans quel sens ?

 

 

6) Santé publique et bioéthique :


 

- Développement de toutes les branches de la Santé publique en totale harmonie avec les domaines de la Recherche et de l’Environnement.

 

Commentaire :

C’est beau. J’en verserais bien une larme. Mais analyser cette proposition qui ne correspond à rien, là je cale.

 

- Lutte prioritaire contre les grands fléaux infectieux et physico-chimiques : infections nosocomiales, SIDA, risques agroalimentaires.

 

Commentaire :

Que signifie prioritaire ? Des moyens seront-ils investis ? Dans du privé ? Du public ? Auprès d’associations qui dans d’autres parties du programme ne recevraient plus de subvention de la part du FN ? Qui déterminera ce qu’est un grand et un petit fléau ?…

 

- Les impératifs de la bioéthique doivent permettre d’aboutir à :

• Une loi interdisant la recherche médicale et la thérapie génique sur l’embryon.

• L’interdiction du clonage, même thérapeutique, en l’attente de progrès de la recherche sur les cellules souches.

• Le contrôle de la brevetabilité du vivant.

• Refuser l’euthanasie médicalement assistée mais autoriser l’arrêt clairement exprimé de l’acharnement thérapeutique.

 

Commentaire :

Sur les 2 premiers points, personnellement je n’ai rien à redire. Il y a certes un débat mais jouer avec ce qui peut être une vie (c’est l’objet du débat) me semble assez monstrueux.

Pour ce qui est de la brevetabilité, parler de contrôle signifie que l’on en reste à la possibilité de commercer sinon il n’y aurait rien à contrôler. Or s’approprier le vivant est un concept ultra-libéral très dangereux car on n’en voit pas la limite. Rien que le fait que les agriculteurs doivent acheter chaque année des semences stériles pour rester dépendants des firmes genre Monsanto suffit à se prononcer contre la brevetabilité du vivant. Là encore le FN est donc sur une position très ultra-libérale.

L’euthanasie est en débat et il n’y a pas de solution mais des positions, des avis sur la question, et ensuite des choix. Vu qu’il n’y a pas de vérité absolue en la matière, quel que soit le choix il sera considéré comme une erreur par les autres. Mais ce qui est sur, c’est que n’autoriser l’acharnement thérapeutique que lorsqu’il est clairement exprimé peut poser des problèmes à quelqu’un qui est dans le coma. Le FN montre là encore un certains populisme mais un manque de réalisme.

 


Conclusion :

Loin de vouloir protéger le service public de la santé, le FN ne propose que plus de concurrence, plus de corporatisme, plus de pression sur les personnels, moins de coordination.

En dehors de quelques déclarations de principes sur lesquelles personne ne peut s’opposer (qui va être contre le développement harmonieux de la santé et de la recherche ?...), le programme du FN n’est ni protecteur, ni financé, ni favorable aux agents.

C’est un programme de démantèlement de la fonction publique hospitalière qui comporte de sérieux risques pour les patients, c'est-à-dire tous les citoyens.

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 12:25

Toujours en analyse du programme du FN, j'ai cherché à voir leur analyse et leurs propositions en matière d'emploi et d'économie.

 

Or depuis une semaine que je fais l'effort (quasi-insupportable parfois) de lire la prose du FN qui aurait changé selon certains et deviendrait quasi alter-mondialiste, les 2 onglets concernant l'emploi (Acteurs économiques et emploi) et l'économie (Economie et Budget) sont en "réactualisation".

 

Je me pose donc la question suivante : sur quels éléments les médias peuvent-ils affirmer que le programme de Marine LE PEN se rapprocherait de l'alter-monidialisme?

 

Bien sur, il y a des éléments dans les autres thèmes qui permettent de se faire une idée de ce que propose le FN.

En gros, il s'agit de ne tenir compte que des coûts estimés de l'immigration (pas les gains notamment à long terme où l'on voit que de nombreux fils, petit-fils, arrière petit fils d'immigrés apportent prix scientifiques et brevets à la France...) et de faire de la politique familiale. Nous avons donc Famille, Patrie, manque plus que le Travail...

 

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 17:41

A nouveau, il s'agit de commenter les faits et c'est donc à partir du site du FN que sont tirées les propositions commentées (vérifiable ici : http://www.frontnational.com/?page_id=1174).

 

 

La souveraineté du peuple français :


- Réformer par voie référendaire et créer le référendum national d’initiative populaire.


Commentaire :

Pour le référendum d’initiative populaire, l’Europe a déjà validé le principe qui doit être désormais précisé (modalités de fonctionnement). Ce ne sera donc pas tout à fait une nouveauté.

Pour ce qui est de réformer par voie référendaire, il faut rappeler que les parlementaires siègent tout au long de l’année pour discuter et voter les textes. Les ouvriers n’ont pas que cela à faire. Ils n’ont pas un emploi du temps facilité par une grande fortune comme Mme LE PEN pour pouvoir s’intéresser à chaque sujet et se déplacer tous les dimanches pour aller voter. La représentativité a ses avantages qu’il faut reconnaître. La question est donc : a quels sujets le FN voudrait-il réellement étendre la voie référendaire ?

 

- Rétablir la souveraineté de la France en tant qu’État-Nation, maître de ses frontières, en renégociant les traités européens.


Commentaire :

Autrement dit, il s’agit de sortir du projet politique de l’Europe alors que c’est le projet économique qui clairement a fait l’échec du TCE en 2005.

 

- Introduire le scrutin proportionnel intégral à un tour aux élections législatives, européennes, régionales, cantonales et municipales.


Commentaire :

Pourquoi pas. C’est un choix qui a ses avantages et ses inconvénients. En général, l’avantage est une politique plus consensuelle car il faut faire des accords pour trouver des majorités. Le désavantage est le risque de paralysie de l’État qui ne peut se moderniser à cause des corporatismes, des lobbyings, qui empêchent la formation de majorité dès qu’il s’agit de réformer leur secteur.

Bref, pour un parti plutôt autoritaire voulant tout faire bouger, c’est une proposition étonnante et plutôt contraire à cette volonté affichée de bousculer les traditions.

 

- Inscrire dans le préambule de la Constitution le principe de préférence nationale.


Commentaire :

Je n’ai pas trop envie de commenter une mesure sortant d’outre-tombe et dont on connaît les effets. Mais tout de même, telle quel ça ne signifie pas grand-chose et tout à la fois. Forcément, ils peuvent jouer sur l’imprécision de cette mesure pour paraître gentils tout en mettant en place un outil pour des méchants (eux ou d’autres).

 

- Transformer le Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle composée de juristes confirmés, élus par le Parlement, avec une modification des modes de saisine, notamment par le peuple.


Commentaire :

La mode de saisine par le peuple, proposée par la gauche (notamment par Badinter) avait toujours été bloquée par le Sénat (qui n’a jamais été à gauche jusqu’ici). Finalement, la droite s’est emparée très récemment avec les questions prioritaires de constitutionnalité. Le cas du procès Chirac en montre des imperfections mais il y a un progrès.

En tout cas, cette proposition du FN n’est pas une nouveauté et pour le coup, il peut y avoir accord sur ce point.

 

- Inscrire dans le préambule de la Constitution le devoir de mémoire vis-à-vis des civils et militaires morts pour la défense de l’ancien Empire Français, afin de garantir la solidarité de la Nation à tous les Français rapatriés, quelle que soit leur race ou leur religion.


Commentaire :

Pourquoi mettre une référence à l’Ancien Empire Français ? Surtout que ce terme peut parler de l’Empire Napoléonien aussi.

La Constitution ne doit pas être un gadget mais la matrice fondamentale de la Nation. Y inscrire des cas particuliers est toujours gênant et prête souvent à des dérives inquiétantes.

Ici par exemple, doit-on glorifier la torture au nom de la préservation des anciennes colonies ?!?

 

 

La fonction de Président de la République :


- Rétablir la durée du mandat présidentiel à sept ans non renouvelable.


Commentaire :

La stabilité politique n’est pas un mal mais après 4 ans de Sarkozysme, on est bien contents que le mandat ait été ramené à 5ans J

Le côté non renouvelable va effectivement avec la période de 7 ans assez longue. Il me semble que 5 ans renouvelable une fois permet de tester le président dans une sorte de mi-mandat. S’il est reconnu compétent et efficace, on prolonge et on le garde 3 ans de plus qu’avec la proposition du FN. S’il est considéré incompétent voire dangereux, on réduit sa nocivité de 2 années.

Revenir à 7 ans paraît donc être une mauvaise proposition. Mais ça reste un débat d’opinion qui ne doit pas condamner un programme ou un autre.

 

- Préciser la mission du chef de l’État qui est celle de déterminer la politique de la Nation conformément au mandat qu’il a reçu du peuple (modification de l’article 5).


Commentaire :

Ceci est très dangereux.

Le Président de la République est le représentant de la Nation à l’étranger. Il doit pouvoir être réactif notamment sur les sujets de sécurité extérieure. Lui imposer un passage au Parlement pour des décisions de type militaire par exemple peut se comprendre et être utile. Limiter son pouvoir aux seules promesses électorales est dangereux.

 

- Engager la responsabilité du Président lorsque celui-ci procède à la dissolution de l’Assemblée en cours de mandat.


Commentaire :

Pourquoi pas. Ça reste une proposition supplémentaire de paralysie et de manque de souplesse.

 

- Modifier l’article 20 en faisant du Gouvernement l’équipe d’exécution et d’administration de la politique présidentielle responsable devant le Parlement.


Commentaire :

En fait, il s’agirait ici de mieux écrire et formaliser que le pouvoir législatif est détenu par le Parlement. Ce n’est pas une mauvaise idée vu les dérives actuelles des députés UMP qui laissent passer toutes les propositions du gouvernement même quand ils y sont opposés à l’exception notable de la déchéance de nationalité dernièrement.

D’ailleurs, cette exception démontre que le pouvoir est bien au Parlement, seulement, c’est aux parlementaires de s’en saisir, ce qu’ils ne font que trop rarement depuis 2007.

Il vaudrait mieux inverser l’ordre des élections (législatives avant présidentielles) pour que le Président soit choisi dans la majorité parlementaire plutôt que de choisir une majorité parlementaire sur l’élection du Président qui au final ne devrait être qu’un délégué de classe…

 

 

Conclusion :


Elle est où la Fonction Publique ???

Le titre de cette partie du programme est assez étonnant : on voit bien des mesures sur les institutions mais rien sur la Fonction Publique.

Est-ce à dire que le FN veut supprimer la Fonction Publique ? Nous verrons dans d’autres parties du programme du FN que c’est peut être bien la vraie volonté de Marine LE PEN.

 

Au niveau institutionnel, il y a beaucoup de contradictions entre la volonté affichée de bousculer les acquis et des mesures visant à stabiliser un pouvoir ou à le paralyser (mandat du président, assemblée sans majorité, etc…). Ceci fait preuve d’une incompétence en matière institutionnelle puisqu’ils feraient une réforme institutionnelle à l’encontre de leurs propres objectifs de gestion du pouvoir. Étonnant et dangereux pour l’avenir !

 

De plus, la référence à la préférence nationale est nauséabonde et ramène au débat sur la déchéance nationale qui rappelle trop les procès truqués de Vichy en la matière.

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 17:15

Marine LE PEN en tête de sondages ?  Ceci s’expliquerait par une rénovation du programme du FN qui ne serait plus brun mais bleu marine. Ainsi, un cégétiste a basculé au FN en affirmant que Marine LE PEN a des propositions sociales concrètes et intéressantes pour les classes populaires.

A voir…

(Les propositions du Front National sur ce thème sont sur le site du FN : http://www.frontnational.com/?page_id=1106)

 

- Une séparation stricte de la gestion des cinq branches de la protection sociale (Maladie, Retraite, Famille, Chômage et Dépendance – à venir).

Commentaire :

La gestion des 5 branches est supposée séparée. Mais on constate que les moments de faiblesse ou de force ne coïncident pas et peuvent donc se compenser. Ainsi, le déficit vieillesse peut augmenter tout en augmentant le bénéfice sur la caisse chômage si la retraite n’est pas repoussée. Du coup, il serait absurde de laisser s’effondrer une caisse quand l’autre est bénéficiaire.

Dans ce cadre, la meilleure solution consisterait plutôt à intégrer les 5 branches dans un même budget comportant 5 programmes (+1 avec la dépendance à venir).

En séparant les 5 branches, le FN propose en gros de faciliter la faillite de certaines caisses et certainement justifier ainsi leur privatisation.

 

- L’harmonisation de l’ensemble des régimes d’Assurance Maladie et Retraite pour mettre fin aux injustices et aux inégalités dans ces domaines.

Commentaire :

Pourquoi pas mais dans un tel programme tout est dans le détail.

Ainsi, le système de retraite étasunien est très harmonisé mais comment vivre avec 500 euros par mois ?

Un programme harmonisé en matière de retraites peut correspondre à ce que j’avais proposé ici : http://analyses-et-propositions.over-blog.com/article-une-proposition-originale-pour-les-retraites-48888406.html

Mais il correspond plus fréquemment à la recherche du moins-disant et à l’ouverture d’un marché pour les retraites par capitalisation qui ne profitent généralement pas aux SMICards…

En matière d’assurance maladie, j’aimerais comprendre de quoi il s’agit vu que le système de base est harmonisé et que ce sont les complémentaires qui ne le sont pas. Comment harmoniser des placements assurantiels privés (car les complémentaires ne sont rien d’autre) ? Et à quoi cela servirait-il ? En tout cas, ça ne règle pas le problème des déremboursements, de la franchise, etc… qui sont autant de dépenses contraintes (on ne choisit pas d’être malades) et qui pèsent d’autant plus dans le pouvoir d’achat que le salaire est faible.

 

- La gestion directe par l’État de ces régimes nationaux sous contrôle du Parlement, avec droit de regard des représentants des salariés, des employeurs et des retraités sur ce contrôle.

Commentaire :

Là encore, pourquoi pas. Étant donné que le Parlement vote la loi de financement de la sécurité sociale, celui-ci a déjà la gestion réelle de ces régimes nationaux. Les caisses paritaires ne sont devenues quasiment que des officines informatives ou de contrôle à posteriori. Ce n’est donc pas une révolution mais une modification qui peut être utile.

 

- L’établissement d’une politique familiale volontariste réservée aux Français (la suppression des allocations familiales pour les non-nationaux).

Commentaire :

Bon déjà, les « non-nationaux » ne reçoivent pas les allocations familiales et encore moins les sans-papier (il faut des papiers pour recevoir ces allocations et déclarer ses impôts en France).

Ensuite, la famille va bien ! Le baby-boom actuel implique des investissements généreux qui permettent notamment l’émancipation des femmes en offrant des modes de garde appropriés (aux parents mais aussi aux parents). A ce propos, le plus juste n’est pas non plus d’imposer aux femmes de travailler mais de leur offrir le choix. Des parents qui veulent rester à la maison pour s’occuper pleinement de leurs enfants sont un investissement utile pour l’avenir et le bien être du pays. Quoi de mieux que les parents pour les enfants ? Or c’est cette question que l’on devrait d’abord se poser en matière de politique familiale.

Si une politique familiale volontariste selon Marine LE PEN consiste à copuler comme des lapins, il faudra qu’elle réfléchisse aux conséquences écologiques. A moins qu’elle ne pense ensuite à proposer l’invasion d’espaces vitaux comme certains peuples à certaines époques sombres de l’histoire humaine ?

 

- La transformation des cotisations patronales au titre de la Famille en contribution fiscale.

Commentaire :

Fantastique idée pour les salariés consistant à transférer la dépense famille du capital vers le travail !

Bon d’accord c’est un peu exagéré car ça dépend de la contribution fiscale dont il s’agit.

Si l’idée est de transférer des cotisations assises sur les salaires (mais payée par l’employeur actuellement) pour les transférer sur une contribution fiscale assise sur le capital, pourquoi pas.

S’il s’agit de faire ce transfert sur la consommation (la TVA sociale, ça vous dit quelque chose ?) ou sur les revenus du travail (impôts sur le revenu), il est évident qu’il s’agit alors d’une diminution du pouvoir d’achat de la plupart des citoyens et un cadeau fiscal supplémentaire pour les plus riches. Voir le livre de Saez, Piketty et Landais ou leur site (http://www.revolution-fiscale.fr/) pour plus d’informations.

 

- Le maintien des prestations sociales (hors « Famille ») pour les travailleurs étrangers légalement présents en France mais en concrétisant la préférence nationale par une majoration des cotisations selon le schéma suivant :

-          Majoration de 35 % des cotisations patronales « Maladie ».

-          Majoration de 35 % des cotisations salariales et patronales « Chômage ».

-          Aucune majoration des cotisations pour la « Vieillesse ».

Commentaire :

Alors là c’est assez triste car ça consiste à préférer l’expatrié français qui paye ses impôts à l’étranger, fait profiter ses connaissances et son capital humain acquis en France à d’autres pays, plutôt que l’étranger dont on est bien content qu’il nous apporte ses capacités, qu’il apprenne le français pour le plus grand bien de la francophonie et qui paye ses impôts et cotisations sociales en France.

En gros, cette proposition consiste à préférer le profiteur au travailleur. Bravo encore pour la sagacité de Mme LE PEN.

 

- La réorganisation du réseau UNEDIC – ASSEDIC et la rationalisation des prestations ASSEDIC.

Commentaire :

Ah ben oui, forcément, personne ne peut être contre une bonne réorganisation et une bonne rationalisation.

Mais propose-t-elle une bonne réorganisation ?

Et en quoi consiste la rationalisation des prestations ? Rationaliser peut consister à rationner. Veut-elle réduire les prestations chômages de tous ceux qui ont perdu un emploi dans son « fief » de Hénin-Beaumont ?

 

Pour conclure :

Il est clair que ce que propose le FN est tout sauf social ou populaire.

Que ce soit populiste vu que la recherche est d’opposer les populations entre elles, OK on est d’accord. Mais faire croire que Marine LE PEN a un programme pour améliorer la vie des classes populaires est un mensonge, une arnaque, au moins en matière de sécurité sociale. Nous verrons dans d’autres articles à venir ce qu’il en est d’autres sujets comme les retraites, de logement, de pouvoir d’achat…

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